Strasbourg: "A quelques centimètres près, mon fils mourrait", le père de l'ado blessé dénonce l'usage des LBD

Alors que l'enquête se poursuit pour savoir si la blessure qu'a subie Lilian Lepage, 15 ans, samedi à Strasbourg, est due à un tir de lanceur de balles de défense (LBD), le père de l'adolescent demande l'arrêt de l'utilisation de ces armes utilisées par les forces de l'ordre lors des manifestations.

"Mon fils mesure 1,86 m. Qu'on ne me dise pas qu'on a tiré dans les jambes !" Alexandre Lepage est en colère. Le père de Lilian s'apprête à prendre l'avion pour venir voir son fils à Strasbourg. Directeur général adjoint d'une entreprise du secteur agroalimentaire, il a suivi ce qui est arrivé à son fils Lilian samedi, depuis le Sénégal, où il vit et travaille.
 

Interdire les LBD

"Je me pose beaucoup de questions" explique ce père de famille de 51 ans. "Qui a tiré ? Cette personne a-t-elle paniqué ? Est-elle bien formée ?". L'enquête se poursuit pour savoir si c'est un tir de LBD qui a causé la blessure à la machoire de l'adolescent de 15 ans, samedi 12 janvier à Strasbourg, qui lui a valu une opération de 6 heures.

Lilan a été entendu par des inspecteurs dans la journée de lundi. "Il a répondu par écrit, explique son père. Il ne peut toujours pas parler. Il a été blessé à la machoire, mais à quelques centimètres près, c'était l'oeil, ou pire, et il perdait la vie. C'est une abberation totale, ces armes ont les mêmes viseurs que les Famas, il faut les interdire. On dit que ce sont des armes non létales, mais elles peuvent être létales quand elles sont tirées à moins de 5 mètres. Pour moi, ce ne sont plus des armes anti-émeute, ce sont des armes d'attaque."
   

Flash-Ball ou LBD ?

De nombreuses questions se posent sur les engins utilisés par les forces de l'ordre dans les manifestations. Abusivement appelés "Flash-Ball", il s'agit en réalité de LBD 40, lanceurs de balle de défense, de plus longue portée que les Flash-Ball et dotés d'un viseur plus précis. Les témoignages s'accumulent sur les blessures causées par ces engins depuis le début du mouvement des gilets jaunes.

L'enquête doit aussi permettre de vérifier que l'adolescent blessé ne faisait pas partie des manifestants. "Il n'était pas du tout mêlé à ça. Lilian, c'est le degré zéro de l'engagement politique, il est en seconde, il ne sait pas encore ce qu'il veut faire de sa vie. Il a passé les fêtes de Noël chez moi au Sénégal, je lui disais encore il y a deux semaines : faut que tu bosses !"
 
Lilian affirme qu'il était en ville pour faire des courses. Sa mère a apporté lundi aux enquêteurs un ticket de caisse en attestant lors du dépôt de plainte. "Avec ses étrennes de Noël, il était venu s'acheter le blouson noir North Face qu'il a sur les photos. Le même que son frère... " se lamente Alexandre Lepage. "Pour moi, il n'y a pas de doute : cet acte a été fait de manière volontaire. Il faut que cette personne soit punie."
 
Alexandre Lepage et ses enfants se retrouvent au Sénégal deux ou trois fois par an, lors des vacances scolaires. "D'habitude, j'ai peur quand ils viennent en Afrique, comme par exemple quand je bossais au Cameroun, avec Boko Haram pas loin. Et là, mon fils se fait dégommer au centre commercial des Halles de Strasbourg ! Faut vraiment que cette arme soit interdite !"

Une année compromise 

Selon son père, Lilian va peut-être pouvoir sortir de l'hôpital vendredi. Mais il va devoir garder les broches pendant six semaines, et tout ce temps-là, il devra manger avec une paille. "C'est un enfant très dynamique, plein d'énergie. Il garde le moral mais son année scolaire est compromise. J'espère qu'il va être pris en charge rapidement, avec des cours à domicile par exemple. Mais surtout, il faut que ces violences s'arrêtent. Des deux côtés.
 
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